La veste magique
Tout ceci n'a aucun sens et insuffle à mon coeur une peine dérisoire. C'est un stratagème absurde, car absurde me semble appropié, une mise en scène lyrique d'une parcelle de ma vie qui n'en a peut-être pas l'étoffe, la carrure... Aspiration à atteindre un jour le ciel, les étoiles, c'est de là qu'on me guide, de là que proviennent mes ficelles, et le soleil est mon marionnetiste. C'est un de ces moments où rien n'a de sens, Apollinaire l'a compris avant moi, et ses écrits que je trouve decevants de sa part, je les copie à travers ce texte qui probablement n'a aucune raison d'être, qui ferait tâche dans un ouvrage que je pourrais sortir, éventuellement. Quelques piafs dans le ciel, quelques pigeons, cette contrée peu explorée qui m'appelle, mais je ne sais comment y accéder. Ma guitare, mon harmonica, mon clavier aussi quelquefois, et les meubles et tout le reste, tout ce qui me sert à taper dessus, ma voix, tantôt cristalline, tantôt eraillée, ces beaux outils de traduction, la musique, un autre moyen de me purger de tout ça... Le vieux téléphone posé dans un coin que je déserte après avoir passé tant de temps en sa compagnie, dans une chambre pas très bien rangée mais rangée quand même, un appareil photo qui ne marche plus très bien, à moins que ce soit moi qui ne sache pas m'en servir, comme je l'aimais, comme je l'aime... Un mur orange, un seul, comme elle me l'avait suggéré, c'est plutôt pas mal, ça donne un côté artiste à la pièce... Une pièce qui me ressemble, à moi, mais moi à quoi je ressemble? Orange, ma couleur préférée, et moi dans ce blouson, cette veste, celle dans laquelle je me suis jadis senti invulnérable, une veste qui me grandit un peut, qui me donne de l'allure, qui même passée à la machine plusieurs fois garde profondément imprégnées les traces de ses mains et de ses bras, de son parfum... Une veste magique...